LES CARNETS DE MINNA
« Baisers de boutons de
rose », « Gâteau de bonne santé »... La femme qui couche sur le papier les détails de la fabrication de petits plats et ses bons trucs de cuisinière, c’est une femme qui a
faim. Internée dans le camp de Terezín en 1942, Minna Pächter, tout comme ses codétenues, rassemble ses forces pour accomplir un dernier geste d’amour vis-à-vis de sa fille, Anny qui a quitté
la Tchécoslovaquie à temps pour la Palestine, en 1939. Ecrire des recettes de cuisine à Terezín : le paradoxe de cette réalité est poignant.
C’est aussi ce qui a touché la documentariste française Anne Georget lorsqu’elle a découvert l’histoire de Minna et d’Anny :
« Quand j’ai lu ces lignes, cette juxtaposition de mots : Terezín, carnets de cuisine... il y a quelque chose de très choquant. Petit à petit on réfléchit, on imagine cette femme qui était une grand-mère, on l’imagine discutant avec d’autres femmes de son âge de la vie normale, de ce foyer qu’elle tenait, des repas de fête, de ce qu’elle aimait faire pour son petit-fils etc. Et on les imagine dans une situation pas possible, mourant de faim. Quand j’ai commencé à chercher de la documentation, je me suis aperçue qu’il y avait toute une hiérarchie à Terezín : comme il n’y avait pas assez à manger pour tout le monde, le Conseil juif des anciens avait pris la décision consciente de favoriser plutôt les travailleurs de force et les enfants qui avaient le plus de chances de sortir de cet enfer, et de donner un peu moins de nourriture aux personnes âgées qui d’une certaine façon n’avaient pas de valeur de travail. C’était une décision terrible à prendre mais ils l’ont prise en conscience. Les personnes âgées étaient particulièrement démunies dans le camp de Terezín. Imaginer cette grand-mère qui mourrait de faim et qui devait chercher dans les poubelles des épluchures de pommes de terre et dans le même temps qui se querellait avec ses compagnes de dortoir pour savoir si l’une mettait de la poudre d’amande, l’autre de la poudre de noisette dans les gâteaux, et comment elles faisaient le strudel, le goulash, c’était quelque chose de bouleversant ! »
En 2008, Anne Georget a réalisé un
documentaire qui retrace l’odyssée des carnets de Minna Pächter.
C'est ce documentaire qu'Anne Georget et Elsie Herberstein présenteront et qui sera suivi d'un débat et d'une dégustation des fameux "caramels de baden" décris dans le livre.
VENDREDI 9 OCTOBRE 2009 à partir de 20h00
14 rue de Paradis 75010 Paris
Escalier C au fond de la cour 1er étage