La Génèse - 1ère partie

Publié le par AACCE

  Itzikh MANGHER   -  Extraits de "La Génèse"  -   (traductions : TEPY

             EVE APPORTE LA POMME A ADAM 

 

Adam, le premier homme, est étendu dans l'herbe 

Et s?amuse à cracher vers les nuages

Alors le nuage supplie Adam 

"Adam, mon chou, arrête!" 

 

Adam lui tire la langue

"Taratata, taratata" 

Et dans un rayon de soleil, envoie un crachat, 

"Tiens, regarde et prend ça..." 

 

Le nuage s'essuie avec sa grosse patte 

Et rugit de colère: 

Bien sûr, quand on ne fait rien toute la journée 

Et que l'on n'a aucun but dans la vie! 

 

Adam rigole, s?esclaffe, 

En montrant ses belles dents blanches. 

Arrive de la verte allée des pommiers 

Eve, notre mère à tous 

 

"Où étais-tu Eve, ma femme? 

Où étais-tu mon enfant?" 

"J'étais dans l'allée des pruniers 

Et je papotais avec le vent" 

 

"Tu n'étais pas dans l'allée des pruniers, 

Tu me dis vraiment un mensonge, 

Ton corps embaume la pomme, 

Ainsi que ta chevelure...." 

 

"C'est vrai, j'étais dans l'allée des pommiers, 

J'ai vraiment mauvaise mémoire" 

"Tu as bien deviné, Adam chéri 

Que Dieu te bénisse!"

 

"Que faisais-tu dans l'allée des pommiers 

Eve mon enfant adorée?" 

"Je papotais avec le serpent 

A propos du péché originel!" 

 

Et la pomme dans ses mains se met à trembler 

Et à envoyer des feux de toutes les couleurs, 

Et le crépuscule étend son ombre 

Sur leur passion mortelle 

 

Adam est fébrile, ne comprends pas 

Ce qui lui arrive, 

Pourquoi la voix d'Eve est soudain 

Si tendre et suave?! 

 

Il tend sa main tremblante vers elle 

"Que fais-tu Adam? mais que fais tu donc? 

La nuit enveloppe les deux silhouettes 

Et ...chut.... 

 

 

 

 

            ABRAHAM LE PERE SERMONNE LOTH  

 

- Loth, il me faut te dire - fi! 

Tu bois chaque nuit, tu te saoules, 

Hier encore au Cerf d?or tu fis 

Grand scandale parmi la foule!

 

                                    Passe pour Manger, tailleur à la manque, 

                                    Mais de toi ce n'est pas digne vraiment! 

                                    Il te faut élever deux filles, 

                                    Tu es grâce au Ciel un Juif opulent.

 

 Tu possèdes moutons et chèvres

Obéis-moi, le Seigneur crains! 

On dit déjà "saoul comme Loth"

De tout gentil qui boit son plein  

 

                                    Je comprend parfois que l'on trinque 

                                    A table au soir du Vendredi, 

                                    Quand du Sabbat brûlent les bougies saintes 

                                    Quand on mange poisson farci, 

 

Mais pas comme toi jour et nuit 

Un homme peut-il n'en être point las? 

Passe pour Gabriel le Chrétien du Sabbat 

Mais certes pas pour un  bon Juif ! 

 

                                    Pense à ce qu'un jour on va dire: 

                                    "Le père Abraham pour parent 

                                    Eut complet ivrogne, et c'est chose pire 

                                    Que conversion d'un croyant." 

 

Puisqu'on en parle, alors écoute-moi: 

N'es-tu point un père?- Ah quel mal j'endure! 

Rien ne te fait que fuit le marieur

Ta porte et ton seuil comme tas d'ordures? 

 

                                    Que même un quelconque enfant de tailleur

                                    Etre ton gendre ne veut point? 

                                    Vont s'argenter les tresses  de tes filles, 

                                    Tout cela pour l'amour du vin? 

 

Loth, il me faut te dire - fi ! 

Tu bois chaque nuit, tu te saoules,

Hier encore au Cerf d?or tu fis 

Grand scandale parmi la foule! 

 

                                    Passe pour Manger, tailleur à la manque, 

                                    Mais de toi ce n'est pas digne vraiment! 

                                    Il te faut élever deux filles, 

                                    Tu es grâce au Ciel un Juif opulent.  

 

                                            I. MANGER                      (Extrait de "Chansons bibliques") 

 

 

ABRAHAM, NOTRE PERE, AIGUISE LE COUTEAU

 

Sarah, coiffée de blanc

Est assise pensive

Sa joie dans son coeur est comme un vol d'hirondelle.

 

Isaac, prunelle de ses yeux 

Joue dans le sable doré.

Des montagnes proches tombe la nuit bleutée. 

 

Elle sourit: un mois déjà que Haggar est partie

Avec son bâtard Ismaël

Elle regarde Isaac et jubile. 

Est-ce un rêve ou une réalité?

Il ressemble à son père: le même nez, les mêmes cheveux.

Comme un champignon il grandit, grâce à Dieu,

 Et avec quelle candeur il dit:   "Maman, pipi". 

 

 Mais que se passe-t-il 

Avec Abraham aujourd'hui?

Il est assis seul dans la cour, 

Et aiguise sur une pierre son couteau.

 

Sa barbe grise tremble,

Et il murmure des mots bizarres: 

"Tu veux me mettre à l'épreuve, Oh Dieu, 

 Me voilà, je suis prêt". 

 

Du verger voisin les pommiers embaument,

L'odeur est portée par le vent, 

Et une douce berceuse: liou-liou-liou et a-a-a 

Endort l'enfant.

 

Et tenant le couteau dans la main

Abraham est là qui écoute 

La tendre berceuse 

Qui enveloppe la terre entière.  

 


            Haggar erre sur la route  

 

Assise sur une pierre, au milieu du chemin,

Haggar pleure, 

Accablée de chagrin, 

Et demande aux Alizés 

De quel côté se diriger. 

 

"Va vers l'Ouest" dit le premier, 

"Plutôt vers l?Est" , dit le second! 

Et le troisième, un sacré polisson,

Batifole dans ses cheveux.

 

Alors, elle s'adresse aux oiseaux 

Qui volent dans toutes les directions: 

"Va vers le Nord" dit l'un! 

"Non, vers le Sud", dit l'autre...

 

Haggar pleure: "O, notre père au Ciel! 

Moi, une servante fidèle, 

Je dois supporter à présent, 

Les moqueries des oiseaux et du vent"... 

 

 Mais voilà qu'elle lève le regard, 

Et aperçoit une caravane! 

Dans un manteau vert en brocard 

S'avance le Sultan de Turquie, 

 

Il vient tout près d'elle et lui dit: 

"Serais tu Haggar par hasard? 

La servante d'Ibrahim? 

 

Et ce tout petit enfant 

Est Ismaïl, assurément! 

Le Prophète nous a fait savoir 

 

 

Il se prosterne devant Haggar

Et  s'agenouille dans la poussière, 

"Nous avons retrouvé notre honneur, 

Allah, Allah, béni sois-tu!" 

 

Et Haggar reste émerveillée,

Doutant de la vérité. 

Tandis qu'une lune argentée, 

A dans ses cheveux scintillé!  

 

 

            SARAH CHANTE UNE CHANSON AU PETIT ISAAC  

 

Sarah, la maman berce son  enfant 

Dors, Itzrokl, petit père, dors 

Les moutons paissent dans le pré 

Et avec eux est le berger 

 

Dit un agneau: il fait jour 

Le deuxième dit: il fait nuit 

Pour preuve, Berl le mercier 

Tient sa boutique fermée. 

 

Pour preuve: de chez Dovid-Ber le forgeron

Ne sort aucun son

our preuve; Leizer le meunier, que je sache

Ne tourne devant son moulin que sa moustache. 

 

Dit le premier: non, il fait jour 

Pour preuve: dans la maison de prière du Gouene

Traité du Sabbat, à la souris est enseigné 

Par le chat tacheté.

 

Pour preuve: sur le toit du Chantre

La chèvre du tailleur s'alimente 

Et Itzrokl le petit 

Ne dors pas encore dans son lit 

 

Dit le petit berger: nou ma 

Et bien, allons tous demander 

S'il fait jour ou nuit 

A Itzroklen lui-même

 

Nou aï liou liou liou Itzrokl 

Nou aï liou liou liou dors 

Déjà se tient devant notre maison

Le berger et ses moutons 

 

Nou, petit berger silence, pas de bruit 

Tu vois bien qu'il fait nuit 

Pour preuve: Itzrokl Avinou, notre père, eh 

A enfin les yeux fermés 

 

Pour preuve: sur le pavot ont étincelé

Sept gouttes de rosée

Et la poule et le coq sur le perchoir 

Dorment car il fait noir 

 

Dit le petit berger: nou ma

Et silencieusement il marcha

Et dans sa petite flûte emporta

La chanson de maman Sarah 

 

 

            JACOB RENCONTRE RACHEL  

 

Jacob, fatigué, se traîne dans le soleil couchant 

"Là sur la gauche est une fontaine, 

C'est bien ici, assurément!" 

Il consulte son livre de la Genèse: 

"Mais oui bien sûr que c'est là! 

Alors, comment se fait-il, déjà 

Qu'elle ne soit pas encore là?" 

 

"La voila! elle accourt sur le chemin, 

Aï, mon père, avec sa cruche à la main! 

Bien plus belle que dans mon livre,

Publié dans aacce

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