Disparition de Charles Palant

Publié le par AACCE

L’hommage à Charles Palant  décédé à 93 ans a été rendu ce Mercredi 2 mars 2016 au Père-Lachaise en présence de nombreuses personnalités, amis et parents. Parmi les interventions émouvantes, celle d’un de ses petits-enfants racontant une blague qu’il affectionnait.
 

À une personne qui lui demandait dans quel camp il avait été déporté, Charles répondit :
"- À Auschwitz… Quitte à passer la guerre dans un camp, autant que ce soit le meilleur !"
Une pensée affectueuse, fraternelle, à sa famille de la part de l'AACCE.

 

Qui était Charles Palant ?

Né en 1922, Charles Palant, de parents juifs polonais, a grandi dans le quartier populaire de Belleville à Paris. Il n’a qu’une dizaine d’années lorsque son père décède et laisse une famille de quatre enfants (dont Charles est le troisième) qui doit survivre avec le seul salaire de l’aîné. Charles prend très tôt conscience des combats politiques à mener. En février 1934, il manque l’école pour participer à la grève générale. En 1935, le certificat d’études primaires, obtenu six mois plus tôt, restera son seul diplôme. Il devint maroquinier.

Délégué syndical en 1936, membre de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (Lica), il préside alors le comité des jeunes de la Lica. Puis viennent les heures sombres de l’occupation nazie, et il doit se résoudre à fuir Paris. À Lyon, en août 1943, Charles Palant est arrêté par la Gestapo avec sa mère et sa sœur. Internés au fort Montluc, puis au camp de Drancy, ils sont déportés vers Auschwitz. Lui seul en réchappera, après avoir connu la « marche de la mort » et la libération de Buchenwald, d’où il revint en 1945, pesant trente-huit kilos. Il a 23 ans. Dans Résister pour survivre (éditions Oskar, 2015), il soulignait : « Il faut dire et répéter ce que des hommes ont été capables de faire à d’autres hommes. Notre témoignage, à nous les survivants, doit être strict. Pas pour nous “victimiser”, mais parce que les hommes sont la seule espèce vivante qui, au cœur de la nuit, ne cesse de croire au matin. La mémoire des hommes est ce qu’ils ont su accomplir pour sortir des ténèbres. »

Secrétaire général du Mrap, de 1950 à 1971

« C’est avec les communistes », témoigne-t-il, qu’il a appris à « refuser l’injustice et (qu’il a) résisté dans les prisons et dans les camps ». En 1949, il participe à la création du Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix (Mrap), dont il sera le secrétaire général de 1950 à 1971. Sous son impulsion, le Mrap mobilise l’opinion pour tenter de soustraire les époux Rosenberg à la mort, puis pour exiger leur réhabilitation. Le Mrap salue sa mémoire en rappelant que, « avec d’autres militants du mouvement, il fut à l’origine en 1977 du changement de dénomination du Mrap, devenu Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples » car « il plaçait résolument la lutte antiraciste (...) au cœur de l’universalité ». Il représente le Mrap au sein des instances de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) jusqu’en 2015. Avec lui s’éteint « un inlassable témoin dont le message de fraternité et de tolérance restera », a indiqué la Fondation pour la mémoire de la Shoah, qui avait coédité avec l’éditeur le Manuscrit "Je crois au matin", préfacé par Stéphane Hessel.

 

 

 

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